Philippines: Un hôtel sur l’eau pas comme les autres pour vivre les lagons de Coron en privilégiés!

Février 2024, un voyage de 15 jours aux Philippines, en famille. Après Bohol et Siargao, notre troisième étape nous mène sur l’île sans doute la plus célèbre des Philippines: Palawan.

Tout en longueur sur 450 km du nord au sud, pour 50 km de largeur, l’île principale est couronnée de tas d’autres petites îles, et Coron est un archipel située au nord, dans la mer de Chine.

Là-bas, dans Green Lagoon, nous attend une petite merveille, un secret bien gardé!

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On atterrit à Busuanga et, quand la majorité des touristes s’établit sur la ville de Coron pour partir la journée en excursion en banka (bateau philippin à moteur en bois et bambou) dans les îlots paradisiaques qui lui font face, nous partons directement pour une pure pépite, dénichée il y a plus d’un an lors de mes recherches bibliographiques sur les lieux: un hôtel constitué de plateformes flottantes, donnant directement sur Green Lagoon. Ce lagon privé, donnant lui-même très facilement accès en kayak à Twin Lagoon, une des stars du coin, est un véritable trésor.

Dormir au paradis de Coron

Avoir le privilège de dormir ici, c’est clairement vivre l’archipel de Coron différemment: on peut partir avec les petits bateaux de l’hôtel dès 7h le matin et ne revenir qu’après 18h. C’est donc l’assurance d’explorer la majorité des merveilles géologiques et maritimes sans la foule, dont les bankas quittent le port de Coron vers 8h30 pour arriver sur les sites vers 9h, et en repartent vers 16h. Vivre l’archipel de Coron en marge finalement, quel bonheur!

Bien sûr, l’établissement, construit très artisanalement au départ, remplit toutes les cases de l’écologie et de l’éthique responsable envers les populations locales, j’ai donc immédiatement foncé pour réserver TRÈS longtemps à l’avance.

L’hôtel sur l’eau et son origine

L’histoire de l’hôtel Paolyn Houseboats est singulière et mérite un petit récit: Paolo, un Italien qui travaillait dans la finance comme un damné, décide de tout plaquer à la fin des années 2000 suite à la perte tragique de sa jeune soeur dans un accident. Il vend tous ses biens, s’achète un bateau, et part sillonner le globe en se jurant de ne plus replonger dans la frénésie du travail capitaliste.

Il passe un jour par les Philippines, dont il ne soupçonnait pas les joyaux, et y rencontre sa future femme, Lyn, qui vit à Coron. Alors qu’il avait pris l’habitude de fuir la saison des pluies avec son bateau, il décide, par amour, de se construire une habitation sur l’eau, pour continuer de vivre en marin et jouir de ces paysages magnifiques à l’année.

Mais les lagons et les îles qui font face à Coron sont toutes privées et appartiennent à la tribu des Tagbanua, composée d’environ 2 500 personnes. C’est après avoir tissé des liens privilégiés avec eux, et au prix de nombreuses années d’échanges, qu’il obtient le droit de leur payer un loyer pour s’établir définitivement ici et mettre en oeuvre son projet de construction de maison flottante.

Pour se faire, il emploie des Tagbanua et leur offre ainsi une source de revenus: les membres de cette tribu vivent encore de façon précaire en pêcheurs, n’ayant accès ni aux écoles, ni aux soins. Très vite, pour pouvoir continuer d’employer les locaux, il construit sur sa plateforme trois chambres d’hôtes qu’il met en ligne sur Airbnb. Le succès est immédiat et dépasse totalement ses ambitions, qui n’étaient pas du tout d’envisager un vrai projet hôtelier.

Mais la logistique pour permettre que ce projet de chambres d’hôtes soit parfaitement écologique et permette de nourrir les hôtes sur place sans les faire aller et venir à Coron au cours de leur séjour est si lourde et coûteuse que le projet n’est pas du tout rentable: Paolo perd de l’argent et s’il veut continuer d’employer les Tagbanua, il doit envisager d’augmenter le nombre de chambres.

Il construit alors trois autres plateformes flottantes réparties dans Green Lagon, portant chacune quatre chambres, et développe complètement l’autonomie de l’hôtel, en partenariat avec les Tagbanua. Une tâche bien difficile, car ce peuple n’ayant jamais fréquenté l’école ni intégré les codes du travail (arriver à l’heure, accomplir sa mission, etc.) nécessite d’être formé continuellement et d’être très encadré.

Ainsi, Paolo doit multiplier les emplois en mono-tâches, car peu sont capables d’une fonction multitâche, et il leur verse un salaire correspondant à 5 fois ce qui est versé par d’autres employeurs sur Coron, pour les fidéliser. Il a été le seul à maintenir intégralement leurs salaires pendant les 23 mois de la pandémie de COVID, où le pays avait totalement fermé ses frontières!

Son projet est ainsi aussi devenu un projet social pour la région, et il ne manque pas de financer l’accès aux soins et l’éducation pour les Tagbanua.

Comment fonctionne l’approvisionnement dans cet endroit plutôt isolé?

La logistique est donc dingue: 250 employés pour 16 chambres au total, mais qu’on ne voit pas! Vingt-cinq employés exclusivement dédiés à la gestion de l’eau: l’eau douce qui sert à la douche est acheminée tous les jours par bateau depuis une île voisine où se trouve une source naturelle qui permet l’approvisionnement.

L’eau

L’eau usée n’est évidemment pas rejetée à la mer, elle est récupérée tous les jours dans des réservoirs qui sont évacués sur l’île de Coron pour être gérée dans le traitement des eaux usées. Le savon est donc autorisé pour la douche dans la chambre, car l’eau est récupérée, mais le savon est proscrit pour la douche d’extérieur, elle aussi approvisionnée en eau douce pour se rincer.

La nourriture

La nourriture est acheminée quotidiennement depuis le marché de Coron: une équipe part tous les jours en fin de nuit faire les courses, car le stockage alimentaire est impossible sur l’hôtel.

Ainsi, les hôtes doivent passer leurs commandes de plats des trois repas par jour la veille pour le lendemain: là aussi, une équipe entière est dédiée à cette logistique.

Le reste

Il y a l’équipe de ménage, bien sûr, les serveurs et les cuisiniers, les gérants des kayaks et paddle boards laissés à disposition des hôtes (on nous demande à l’arrivée combien on en veut par famille et ils viennent nous les arrimer à la plateforme le premier jour, et pensent à les déporter à quelques mètres du ponton le soir venu pour que nous ne subissions pas la nuit le bruit des claquements contre le ponton! Juste incroyable!).

Et pour finir, les capitaines des bateaux, tous Tagbanua également car ils connaissent leurs îles et leurs sites par coeur, nous ont emmenés dans les merveilles des environs au cours des deux jours passés ici.

Tout cela a un coût certain, mais pour ce genre de structures, je suis complètement prête à faire le sacrifice: vivre les îles de Coron de cette façon n’a rien à voir avec les excursions en groupes en banka à la journée!

Un réveil époustouflant dans un lieu exceptionnel

Se réveiller ici, sur l’eau, avec ce sentiment unique de solitude, ça n’a pas de prix!

Nous avons eu la chance de rencontrer Paolo le matin de notre départ, alors qu’il revenait d’un court séjour en Italie pour des soins médicaux, et nous avons pu échanger avec ce marin-baroudeur sur ce projet passionnant qui lui prend désormais tout son temps.

Pour que la réussite du projet social soit pérenne dans le temps, il doit sans cesse s’assurer que les employés remplissent correctement leurs missions, et il est omniprésent avec eux (plus de 250 messages par jour!).

Il a conscience qu’il fait aujourd’hui vivre des centaines de familles Tagbanua, et il continue de financer des projets d’éducation et de soins pour eux. La fréquentation de l’hôtel doit donc être optimale.

Amoureux des bêtes, il a même ouvert également, sur Coron, un centre de recueil et de soins pour chiens et chats, qui sont partout aux Philippines, mais souvent dans un piteux état!

Le paysage des Philippines à son meilleur

J’avais donc bien conscience qu’on allait vivre une parenthèse inédite et privilégiée sur Coron, mais l’arrivée sur le site a été époustouflante. Les couleurs du lagon sont incroyables, les massifs karstiques couverts de jungle rendent uniques les paysages, on est littéralement hypnotisés!!!

Noix de coco fraîche à l’arrivée, explications de toute la logistique, et comme nous sommes arrivés sur place en milieu de matinée, on a pu déjà partir en explorations des lieux en kayak en attendant que notre chambre soit prête!

Et retourner voir Twin Lagoon en fin d’après-midi du deuxième jour, quand la foule a quitté les lieux: bonheur!

Et les chambres, dans tout ça?

La chambre est vraiment super bien conçue, tout en bambou, avec une petite salle de bain; des toilettes comme sur un bateau, avec une pompe manuelle pour l’évacuation en réservoir; un astucieux jeu de miroirs sur les murs donne un vrai sentiment d’agrandissement; le ponton héberge une zone de repas couverte (les repas nous sont apportés par bateau sans frais supplémentaires); des transats; une échelle d’accès à l’eau; et les kayaks et paddle boards demandés!

Et bien que nous soyons quatre chambres par plateforme, le positionnement de chacune fait qu’il est impossible de voir ses voisins, et par je ne sais quel miracle, impossible de les entendre!!!

On ne voit bien sûr pas les 250 employés! Seule une dizaine évolue quotidiennement au contact des hôtes.

On se croit vraiment sur un bateau, mais les eaux calmes du lagon rendent à peine perceptible le bercement du plancher.

Le réveil aux aurores est un plaisir, dans le pépiement des oiseaux provenant des massifs calcaires aux alentours. Les petites insomnies encore présentes en raison du décalage horaire offrent des contemplations des étoiles dans le silence absolu. Quelle paix!

Deux jours et deux nuits qui promettent du rêve!

Au moment où j’écris, il est 6h30 du matin, et un petit monsieur vient d’arriver discrètement sur sa barque à la rame, debout en équilibre, pour ramener les kayak au ponton… avec un grand sourire du matin!

Réservez votre séjour à l’hôtel Paolyn Houseboats

Pour le portefeuille:
Environ 450 euros la nuit pour 5 personnes, incluant les planches à pagaie et kayaks pour aller profiter seuls des lagons aux alentours

Où est située l’hôtel sur l’eau?
Laknisan Lagoon
Île de Coron
5316 Palawan, Philippines

Pour tous les détails:
Rendez-vous sur le site de l’hôtel!

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Crédit photo: Camille Chambellan

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