Salina: Exploration de l’île bleue paisible des îles Éoliennes

Après avoir gravi l’Etna, nous avons pris la route vers le nord, longeant la côte est jusqu’à Milazzo. De là, nous avons embarqué pour l’île de Salina, notre dernière escale en Sicile, nichée au cœur des îles Éoliennes.

Avant de partir, un arrêt à l’épicerie de Pédalino nous a permis de savourer un vrai festin: le boucher nous a préparé des sandwichs dans des pains ronds coupés en deux, généreusement arrosés d’huile d’olive et saupoudrés d’origan, garnis de fines tranches de charcuterie et de fromage – un régal. Nous avons aussi pris un peu de lard pour concocter un délicieux plat de pâtes en soirée.

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Une fois arrivés dans le petit port de Santa Marina, l’eau cristalline contrastant avec les fonds marins noirs nous accueille avec un bleu si profond qu’il donne envie de plonger immédiatement.

Après avoir loué une petite voiture un peu usée, aux vitesses capricieuses mais pleine de caractère, nous nous lançons dans l’exploration de l’île. Dès notre arrivée, la silhouette imposante et fumante du volcan Stromboli à l’horizon capte notre attention, ajoutant une aura mystique au décor.

Direction le village de Leni pour rejoindre notre hébergement, une charmante demeure bourgeoise du début du XXe siècle, située juste à côté de l’imposante église blanche.

Petit imprévu: le propriétaire nous attendait le lendemain! Mais il trouve une solution parfaite: nous logeons temporairement dans l’appartement du rez-de-chaussée, tandis que les garçons passent la nuit dans une chambre de l’hôtel voisin, à quelques pas de là.

L’hôtel Santa Isabel, où on a pris l’apéro au coucher de soleil!

Résultat: une double découverte pour nous!

L’appartement, avec son jardinet embaumé par un immense jasmin étoilé, est déjà un véritable coup de cœur. Et pour s’excuser, le propriétaire nous offre le petit-déjeuner sur la terrasse de l’hôtel le lendemain.

Une fois installés, nous repartons explorer l’île. Direction le sud, à Rinella, puis l’ouest, à Pollara, un village suspendu sur les vestiges d’un ancien cratère volcanique englouti. Les falaises abruptes plongent dans la mer, offrant un spectacle époustouflant.

Ce lieu a été immortalisé par le film Le Facteur (Il Postino), avec Philippe Noiret et Massimo Troisi, ce dernier étant décédé tragiquement peu après le tournage. Sous une tonnelle, un petit café projette ce chef-d’œuvre chaque soir à 18h. C’est là que nous goûtons nos premières granites éoliennes – à la mandarine pour moi… Un véritable délice.

Nous descendons ensuite les 170 marches menant à une crique d’eau limpide, baignée par le soleil couchant. L’endroit est d’une beauté presque irréelle, digne d’un décor de cinéma. Un système ingénieux de panier relié à un câble permet au cafetier de descendre des rafraîchissements jusqu’au petit loueur de kayaks en contrebas.

La journée se termine à Malfa, où nous profitons d’un aperitivo sur la terrasse d’un bar élégant, face à des lumières dorées. Deux jours sur cette île, c’est déjà bien trop court pour tout ce qu’elle a à offrir.

Dans le bleu de Salina

Ce soir, c’est depuis notre terrasse, au pied de la cloche de l’église, bercée par un jazz langoureux venant de l’hôtel d’en face et les aboiements lointains de quelques chiens, que je prends la plume.

Salina nous a offert aujourd’hui toutes ses nuances de bleu: le bleu vif du matin, celui plus doux du ciel au couchant, le bleu profond de la mer à l’horizon, éclatant près des pierres volcaniques du littoral, ou encore le bleu des triporteurs qui sillonnent l’île et de la cahute à granités de Santa Marina. Ces touches de bleu se mêlent aux reliefs verdoyants et fleuris qui rappellent les paysages luxuriants de la Réunion.

Notre matinée suivante a commencé par une balade dans Santa Marina pour quelques courses.

Sur la route, nous avons dû nous arrêter: un cortège funéraire avançait lentement, avec le village entier qui suivait à pied, le cercueil porté sur les épaules. La scène, comme sortie d’un film, avait une solennité impressionnante. Sous le soleil, la procession serpentait entre l’église et le cimetière, un moment d’unité saisissant.

Après les courses, place à notre rituel granités: citron pour Félix et Pierre, pastèque pour Basile, et pour moi, amande cette fois, une spécialité sicilienne délicieusement raffinée.

Une baignade rafraîchissante sur le ponton a suivi, dans cette eau limpide sur des fonds noirs volcaniques.

Le retour à nos nouveaux appartements – à l’étage cette fois – nous a plongés dans une ambiance à la fois historique et charmante: hauts plafonds, carreaux de ciment et murs patinés, comme un petit palais sicilien propice à la sieste.

Un déjeuner tardif d’arancini et de melon s’est transformé en une pause bercée par le chant des cigales et les effluves du jasmin étoilé.

En fin d’après-midi, alors que la lumière devenait plus douce, nous sommes partis pour une petite randonnée sur les pentes de Lingua, à l’extrême sud-est de l’île.

La montée était ardue, mais la vue en valait largement l’effort: le Stromboli apparaissait avec encore plus de majesté, ses volutes de fumée baignées par les rayons dorés du soleil couchant.

Sur le quai de Lingua, une halte chez Da Alfredo – réputé pour ses granités – nous a permis de goûter de nouvelles saveurs: pêche, incroyablement fruitée, et chocolat, une expérience étonnante mais exquise. Alfredo lui-même, avec ses 80 printemps bien portés, veillait derrière son comptoir, incarnant l’authenticité de l’endroit.

 

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Avant de rentrer, nous avons acheté un flacon de malvoisie auprès d’une dame devant sa maison. Ce vin blanc liquoreux, produit avec des raisins séchés au soleil, a conclu notre journée sur une note douce et parfumée.

Alors que la cloche de l’église annonçait la montée de la lune, un léger pincement au cœur nous rappelait que la fin du séjour approchait. Mais quel bonheur d’avoir savouré chaque instant de cette parenthèse magique!

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Crédit photo: Les Tison on the Road

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